La chambre basse du Parlement français rouvre ses portes mardi après une élection bouleversante pour le président Emmanuel Macron, dont les alliés centristes ne sont guère plus près de constituer une majorité stable, mettant potentiellement en jeu le poste de Premier ministre Elisabeth Borne.
Après le scrutin de ce mois-ci, qui a donné lieu à des poussées de l’extrême droite et de la gauche dure, les forces d’opposition ont clairement fait savoir qu’elles ne se laisseraient pas entraîner dans un arrangement durable pour soutenir le gouvernement de M. Macron, auquel il manque 37 sièges pour obtenir la majorité.
M. Borne et d’autres partisans importants de M. Macron ont essayé de convaincre des parlementaires de droite et de gauche modérée de renforcer leurs rangs, un député ayant déclaré à l’AFP que « les téléphones chauffent ».
Mais Olivier Marleix, chef du groupe conservateur des Républicains considéré comme le plus compatible avec Macron, a déclaré que « nous avons bien mieux à faire aujourd’hui que de nous vendre au coup par coup ».
« Il s’agit de faire avancer les choses pour les Français », a-t-il déclaré à la radio Europe 1 lundi.
Mais il a ajouté que ses députés allaient « tout faire pour trouver un accord avec le gouvernement » sur un prochain projet de loi visant à augmenter le pouvoir d’achat des ménages face à l’inflation alimentaire et énergétique.
« Ce n’est pas dans l’intérêt des partis qui viennent d’être élus » de passer un accord à long terme pour soutenir le gouvernement, a déclaré Marc Lazar, professeur à l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po).
Première femme présidente de l’Assemblée
Les premiers jours de la nouvelle Assemblée nationale seront consacrés à l’élection du président du Parlement et d’autres hauts fonctionnaires et responsables de commissions parlementaires.
La candidate pro-Macron, Yael Braun-Pivet, devrait être la première femme dans l’histoire de la France à revendiquer le fauteuil de président lors d’une série de votes mardi.
Le même jour, les partis comptant au moins 15 membres pourront former des groupes officiels, qui jouissent de plus d’influence et de temps de parole.
L’une des questions clés est de savoir si le vote de jeudi pour diriger la commission des finances – qui dispose de pouvoirs étendus pour contrôler les dépenses publiques – sera remporté par un député du Rassemblement national (RN), parti d’extrême droite.
Dirigé par Marine Le Pen, l’opposante battue de Macron à la présidentielle, le RN pourrait normalement prétendre à ce poste en tant que plus grand parti d’opposition.
Il pourrait être confronté à un défi de taille si l’alliance de gauche NUPES, qui comprend les Verts, les communistes, les socialistes et la France insoumise (LFI), un parti d’extrême gauche, parvient à se mettre d’accord sur un candidat commun.
Un vote de confiance ?
La semaine prochaine, les échanges pourraient s’intensifier dans l’hémicycle, alors que la chef du gouvernement, Mme Borne, prononcera un discours exposant ses priorités politiques.
Il n’est pas encore clair si Mme Borne appellera le traditionnel vote de confiance après son intervention – ce qui n’est pas strictement requis par la constitution française de la Cinquième République.
Ce week-end, M. Macron a déclaré à l’AFP qu’il avait « décidé de confirmer (sa) confiance à Elisabeth Borne » et lui a demandé de poursuivre les discussions afin de trouver soit des alliés pour le gouvernement au Parlement, soit au moins un soutien pour les votes de confiance et de budget cruciaux.
M. Macron a exclu toute augmentation des impôts et de l’emprunt public dans tout compromis avec les autres partis.
Après que le président ait promis un « nouveau gouvernement d’action… dans les premiers jours de juillet », à son retour des réunions du G7 et de l’OTAN de cette semaine en Allemagne et en Belgique, certains observateurs considèrent ce calendrier comprimé comme ambitieux.
« Dans tous les autres pays européens, lorsqu’ils sont en pourparlers pour former un gouvernement, cela peut prendre des mois » plutôt que les jours que Macron a autorisés, a déclaré le politologue Lazar.
Même si le gouvernement projette de poursuivre ses activités comme si de rien n’était, LFI, le parti de la gauche dure, a promis d’essayer d’empêcher des propositions clés comme une réforme phare visant à faire passer l’âge légal de la retraite de 62 à 65 ans.
Le chef adjoint du parti Adrien Quatennens a déclaré dimanche qu’il n’y avait « aucun accord possible » avec Macron, affirmant qu’une coopération n’aurait « aucun sens ».
« Nous n’avons pas entendu (Macron) bouger ou reculer d’un iota sur la réforme des retraites » ou d’autres politiques controversées, a-t-il ajouté.
L’équipe de la rédaction