Le président français Emmanuel Macron a perdu sa majorité au Parlement. Qu’est-ce que cela signifie et que se passe-t-il maintenant ?
Les résultats du second tour de scrutin de dimanche montrent que la coalition centriste Ensemble de Macron a remporté le plus grand nombre de sièges au Parlement – mais pas suffisamment pour obtenir la majorité.
Ensemble dispose de 245 sièges, soit moins que les 289 requis pour une majorité, tandis que la coalition de gauche Nupes arrive en deuxième position avec 131 sièges et que le parti d’extrême droite de Marine Le Pen en obtient 89.
Cela n’affecte pas la position de Macron en tant que président – il a été réélu en avril et peut rester à l’Élysée jusqu’en 2027 – mais a d’énormes implications pour le déroulement de son second mandat.
Sur les 28 membres du cabinet de Macron, 15 ministres étaient candidats à une élection ou à une réélection. Techniquement, un ministre qui n’est pas élu ou réélu en tant que député n’est pas tenu de démissionner de son poste, mais M. Macron a déclaré qu’il s’attendait à ce que les ministres battus démissionnent.
Les ministres de la santé, de l’environnement et de la mer ont tous perdu leur siège, mais le reste du cabinet reste intact.
La Première ministre Elisabeth Borne – qui se présente comme députée pour la première fois – a remporté son siège dans le Calvados, en Normandie.
Que se passe-t-il ensuite ?
Négociations
Bien que M. Macron reste en place en tant que président, toutes les lois qu’il souhaite faire passer – y compris les réformes très controversées telles que le relèvement de l’âge de la retraite à 65 ans – doivent être adoptées par le Parlement, et parmi les deux parlements français, la chambre basse, l’Assemblée nationale, joue le rôle le plus crucial.
Privé d’une majorité absolue avec Ensemble – une alliance entre le parti de Macron, La République en Marche, les centristes du MoDem et Horizon, le nouveau parti formé par l’ancien Premier ministre Edouard Philippe – Macron devra créer un groupe de députés partageant les mêmes idées afin de faire passer toute législation au cours des cinq prochaines années.
Macron, Borne et leur équipe, vont donc commencer les négociations pour essayer de construire une coalition au parlement.
S’exprimant dimanche soir, M. Borne a déclaré : « Nous allons travailler dès demain pour construire une majorité de travail ».
Ils ont la possibilité d’essayer de construire un groupement permanent, ou de gouverner en tant que minorité, en mettant en place des alliances sur la base d’un vote par vote.
Les candidats les plus probables à une alliance semblent être les députés du parti de centre-droit Les Républicains (LR), bien que certains aient suggéré que Macron tentera de diviser la coalition de gauche Nupes et d’attirer certains des députés les plus modérés, comme le Parti socialiste ou les Verts de centre-gauche, dans une alliance.
🔴 245 sièges pour Ensemble, 131 pour la Nupes, 89 pour le RN… Découvrez les résultats définitifs des #legislatives2022
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Les négociations risquent de prendre du temps et de donner lieu à de nombreux marchandages.
Nouveau gouvernement
Il faudra également procéder à un remaniement gouvernemental pour remplacer les ministres qui ont perdu leur siège.
Le gouvernement actuel n’a été formé qu’en mai, après la réélection de M. Macron en avril. On ne sait donc pas si M. Macron se contentera de remplir les rôles des ministres défaits ou s’il procédera à un remaniement plus radical pour faire entrer des ministres qui reflètent les opinions des groupes avec lesquels il se retrouve en coalition.
Mélenchon
Jean-Luc Mélenchon, leader du parti de gauche La France Insoumise et principal artisan de l’union de quatre partis de gauche au sein de l’alliance Nupes, espérait devenir le prochain Premier ministre français.
Cela semble désormais très improbable, puisque son alliance Nupes a échoué dans sa tentative de devenir le plus grand parti au Parlement, un événement qui aurait pu contraindre Macron à une « cohabitation », avec Mélenchon comme Premier ministre.
Mélenchon lui-même, à l’âge de 70 ans, a décidé de ne pas se représenter aux élections dans sa circonscription des Bouches-du-Rhône (Marseille) et est donc techniquement sans emploi, même s’il restera sans doute influent en tant que chef du deuxième groupe le plus important au Parlement.
L’équipe de la rédaction